• Voyage dans le grand nord 1

    Le souffle coupé, le jeune husky observait le paysage. La neige tombait, les montagnes étaient recouvertes d’un épais filet blanc, lisse et uni. Il marchait, les pattes froides, sur le lac glacé. Il devait se préparer à une expédition longue, plus que longue, plutôt interminable. Il profitait de ses derniers instants de repos puis revenu sur la terre ferme et se coucha. Il ferma ses délicates paupières malgré qu’il entendait encore le vent souffler violemment dans ses oreilles mais il restait là, sans bouger. Après quelques instants, il décida de se lever pour retourner au chaud, près de ses maîtres. Son propriétaire était Mr. Johnson. C’était un homme plutôt grand, brun, aux yeux marron. Il avait surnommé son chien de traîneau, Skippy. Les yeux de son chien étaient d’un bleu perçant et remarquaient le moindre mouvement, son pelage gris et blanc lui donnait une beauté exceptionnelle. Ce dont le jeune husky avait peur, c’était les loups. Il savait très bien qu’il allait en voir, mais il restait calme. Aki, un chien de traîneau qui allait faire la route avec vint le voir :
    - Hey Skippy ! Tu vas bien ?
    - Oui, je stresse un peu.
    - Ne fais jamais ça !
    - Pourquoi ?
    - Autrement, tu ne vas pas t’amuser. C’est l’heure du repas ! glapit-il.
    Skippy le suivit. Mr. Johnson posa quatre gamelles (les chiens étaient quatre). Les huskys coururent et dévorèrent leur repas. Dans quelques minutes, ils devaient partir. Le propriétaire vérifia une dernière fois les préparatifs. Mme Johnson attela les chiens et dit « Au revoir » à son mari. Le portail s’ouvrit, donnant sur un vaste océan de neige blanche unie dont la beauté s’ouvrait aux yeux des quatre huskys. Mais, rien n’était commencé … Cela faisait quelques heures que les chiens, Aki, Skippy, Blue et Perle couraient. Ils commençaient à fatiguer et à greloter. Le vent soufflait de plus en plus fort, une tempête de neige semblait s’acharner sur eux, leurs pattes devenaient lourdes et se métamorphosaient peu à peu en bloc de glace. Malgré leur souffrance, ils avançaient en essayant de la cacher. La nuit tomba, l’atmosphère se glaça brusquement, la neige s’acharna de plus en plus sur Aki, Skippy, Blue et Perle. La Lune était haute dans le ciel. Le paysage était magnifique, juste la tempête gâchait la vue. Mr. Johnson fit arrêter ses chiens :
    - Une tempête va se lever, restons-la.
    - Il y a une tempête, chuchota Perle en regardant de ses yeux bleus brillants Skippy.
    - Oui, accrochez-vous bien ! On va s’éclater ! s’exclama Aki.
    - Tu es content que ceci se passe ? s’étonna Blue.
    - Ben oui ! Pas toi ? Et toi, Skippy, tu as peur ?
    - Un peu …
    - Quoi ? dit le jeune chien. Tu as peur ?
    - Il a dit un peu ! cria Perle.
    - Oh ! C’est bon, j’suis pas sourd.
    - Eh bien on dirait.
    Mr. Johnson monta sa tente et sortit d’un sac lourd des morceaux de viande. Il les lança aux quatre chiens. Les animaux les attrapèrent agilement, sans la moindre difficulté. Le repas fini, ils se couchèrent sur la neige et s’endormirent … Le vent continuait à souffler, la neige à tourbillonner, la tempête à s’abattre sur les animaux. Des bruits de pas, des hurlements retentissaient dans les montagnes. Une silhouette s’avança vers eux. Elle ressemblait étrangement à Skippy. Deux yeux luisaient d’un bleu vif dans l’obscurité. Elle s’approchait de plus en plus. Le jeune husky sentit son sang se glacer dans ses veines. Que devait-il faire ? Il huma l’air et sentit une odeur de loup ! Les chiens commencèrent à aboyer. Mr. Johnson se réveilla, prit une lampe torche et demanda :
    - Que se passe-t-il ?
    Il pointa la lampe sur le loup et cria. Il s’affolait. Le prédateur, lui, ne bougeait pas, il regardait fixement Skippy, Aki, Blue et Perle de ses yeux perçants. Il s’avança vers eux et fit un signe de tête :
    - Vous avez besoin d’aide ?
    - Non, non, répondit Aki. Que fais-tu ici ?
    - Je cherche de la nourriture.
    - Tu n’es pas dans ta meute ? demanda Skippy.
    - Non, j’ai été banni.
    - Banni ? s’exclama Blue.
    - Je préfère partir, votre propriétaire va me chasser.
    Il s’éloigna d’eux en courant à toute vitesse puis adressa un dernier signe de tête qu’on ne voyait pas très bien à cause de la tempête. Le loup partit dans les montagnes laissant les huskys dans le froid. Peu de temps après, ils s’étaient endormis avec Mr. Johnson. Le matin, Blue avait été la première à se lever. Elle partit vers la tente de son maître, tenta de l’ouvrir, réussit et hurla :
    - Mr. Johnson est mort !
    - Quoi ? s’affola Skippy.